Comprendre et utiliser les cartes balistiques

La première carte annonce la couleur – le genre d’équipement pour lequel les données balistiques sont valables.

Arme: le magnifique Mousqueton 31. Les données ne sont pas valables, par exemple, pour un Fass 57, et seront plus ou moins erronées pour les carabines à longueur du canon autre que les 652 mm du Mq.

Cartouche: Cart. 7,5 mm 11, la GP11 d’ordonnance. D’autres cartouches en 7,5x55mm existent sur le marché, mais la différence de balistique peut devenir importante déjà aux distances moyennes de tir.

Ajustement en dérive et en élévation: 0.1 mrad par clic. La plupart des armées modernes ont adopté cette valeur de clic pour les lunettes de visée équipant les fusils des tireurs d’élite, et pour une bonne raison: au tir longue distance les calculs s’en trouvent grandement simplifiés. Avec cette valeur, 1 clic à la distance D déplace le point d’impact de D/10’000, ce qui correspond à 0,25 cm à 25 m, 1 cm à 100 m, 4 cm à 400 m, 6,85 cm à 685 m, etc. Si les tourelles de votre lunette sont graduées en fractions de MOA ou autres « inches per 100 yards », nos cartes balistiques ne vous seront d’aucune utilité.

Attention: « faire confiance – c’est bien, vérifier – c’est mieux ». Même chez les fabricants réputés, on rencontre parfois des divergences entre la valeur de clic annoncée et la valeur réelle, pouvant aller jusque à 5%. (Les lunettes bas de gamme peuvent faire jusque à 20% d’erreur!) C’est toujours une bonne idée de vérifier la valeur de clic de votre lunette (p.ex. tirer un groupement à 25 m, faire +100 clics en élévation, et tirer un autre groupe – le deuxième groupe doit être 100 x 0,25 = 25 cm plus haut). 5% d’erreur peut paraître petit, mais à longue distance ça peut très bien faire la différence entre un touché et un raté. (Tant que vous y êtes, vérifiez aussi le retour au zéro; +100 clics ensuite -100 clics doivent finir au point de départ. Et tant que vous y êtes, assurez-vous que le point de visée ne change pas avec les changements de zoom.)

Hauteur de visée (angl. « sight height ») de 7 cm. Cette hauteur (également appelée « entre-axe ») se mesure entre l’axe du canon et l’axe central de la lunette. Les 7 cm correspondent au montage typique du châssis k31.ch avec une hauteur d’anneaux standard AR-15/M4 (34-37 mm axe optique au-dessus du rail Picatinny). Les données des cartes balistiques restent largement valables (à 1 clic près) pour les entre-axes entre 6,5 et 7,5 cm.

Carabine zérotée (point visé = point touché) à 100m. En pratique, il n’est pas nécessaire de chercher une ligne de tir de 100 m pour zéroter votre équipement. Vous pouvez très bien le faire à 25, 50 ou 300 m, et ensuite ajuster votre lunette pour ramener l’angle de zérotage à la valeur nécessaire. Par exemple, pour une arme zérotée à 25 m (point visé = point touché) il faudrait descendre l’élévation de 15 clics (voir la carte « 25 m »). Pour un zérotage à 50 m, il faut descendre de 3 clics.

Attention: le zérotage à courte distance (surtout 25 m, mais aussi 50 m) est très sensible à la hauteur de l’axe optique. Si votre lunette est montée avec un entre-axe autre que 7 cm, pour un zérotage parfait il faut en tenir compte. Voici la marche à suivre, en prenant comme exemple le zérotage à 25 m:
1. Zéroter « point visé = point touché » à 25 m.
2. Descendre le point d’impact de 15 clics (voir la carte « 25 m ») pour compenser la différence d’élévations entre 25 et 100 m.
3. Compenser la différence de hauteur de visée en clics. Par exemple, une visée haute de 6,5 cm est 0,5 cm plus basse que les 7 cm de référence. Pour compenser il faut remonter le point d’impact de 0,5 cm. A 25 m un clic correspond à 0.25 cm. Il faut donc remonter de 2 clics.
A 50 m, 1 clic = 0,5 cm; pour compenser la différence d’entre-axe à cette distance il suffirait donc de remonter le point d’impact d’un seul clic.
Naturellement, si la visée est montée plus haut que les 7 cm de référence, pour compenser il faut descendre le point d’impact, plutôt que de remonter.

Une fois votre carabine zérotée, les cartes balistiques vous donnent les correction à introduire à votre visée dépendamment de la distance à la cible et des conditions atmosphériques.

Toutes les corrections sont données en clics de 0.1 mrad.

Explication par l’exemple: tir sur une cible à 925 m avec un angle de visée de 10° à la montagne à 1500m d’altitude par 20°C avec un vent venant de 10h à 5 m/s.

A: Distance à la cible, dans cet exemple – 925 m. Toutes les données de la carte correspondent à cette distance. Si votre but se trouve entre deux cartes, il faut estimer les corrections en faisant la moyenne entre deux valeurs.

Attention! Il s’agit de la distance linéaire en ligne droite entre la bouche du canon et le but. Dans les cas de tir incliné, où le but se trouve plus haut ou plus bas que le tireur, ce n’est pas la même chose que la distance horizontale (par exemple, mesurée sur une carte).

B: Nombre de clics en élévation à introduire pour cette distance, dans cet exemple +108 clics. Cette correction correspond au tir à plat en conditions moyennes suisses (altitude 800 m, pression atmosphérique 925 hPa, température 7°C). Toutes les autres valeurs d’élévation sur la carte représentent les correction à apporter par rapport à ce chiffre en fonction des conditions de tir.

C: Altitude / pression atmosphérique. La première ligne est échelonnée en altitude au-dessus de la mer. Dans cet exemple, pour le tir à la montagne à 1500 m d’altitude, il faut enlever 5 clics d’élévation, car avec l’altitude la pression atmosphérique diminue, et la balle rencontre moins de résistance de l’air sur la trajectoire. L’élévation serait donc de +108-5=103 clics.
La deuxième ligne représente l’échelle de la pression atmosphérique en hPa (hPa = millibar = mbar). Si vous avez un baromètre, ignorez la première ligne (altitude) et utilisez la pression effective – il est plus précis de mesurer la pression, que de l’estimer à partir de l’altitude.

Attention! Prenez la pression absolue à la station! L’erreur commune est d’utiliser la pression relative réduite au niveau de la mer (qui est généralement dans les 1000-1025 hPa). Si vous voyez un chiffre de plus de 1000 hPa à la montagne à 1500m d’altitude, soit vous lisez la pression relative au lieu de l’absolue (erreur!), soit la fin du monde est encore plus proche qu’on ne le croyait.

D: Température. Quand la température augmente, la vitesse initiale du projectile augmente et la résistance de l’air diminue. Les deux facteurs font que la trajectoire passe plus haut (donc il faut introduire moins d’élévation). Dans notre exemple, pour 20°C la correction est de -3 clics, ce qui nous fait au total +108 -5(alt./pression) -3(température) = 100 clics.

Attention! Les chiffres correspondent à la fois à la température de l’air à l’ombre *et* à la température de la poudre dans la cartouche. Si vous laissez vos cartouches au soleil où dans une chambre du canon chauffée, il risque d’y avoir une petite divergence avec les chiffres annoncés.

E: Angle du site = angle de visée. Important si la cible se trouve plus haut ou plus bas que le tireur. Pour notre exemple, avec 10° d’inclinaison, il faut enlever encore 2 clics, ce qui nous fait un total final de +98 clics d’élévation.

Attention! Les corrections à introduire sont les mêmes si le but se trouve plus haut ou plus bas que le tireur – que l’angle soit positif ou négatif, la trajectoire passe toujours plus haut que lors du tir à plat, et on doit cliquer moins d’élévation.

F: Vent longitudinal (de face ou de dos). Un fort vent de face fait que la balle rencontre plus de résistance de l’air (et avec un vent de dos – c’est l’inverse). Les petits points à coté des chiffres 2-4-6-8 représentent le nombre de clics en élévation à rajouter (pour un vent de face) ou enlever (pour un vent de dos) pour les vents de 2, 4, 6 ou 8 m/s.

G: Un quart de la rosette des vents, qui donne le nombre de clics en dérive pour les vents de 2, 4, 6 et 8 m/s venant de 1h, 2h et 3h. Les valeurs pour le reste du cadran sont symétriques: par exemple les dérives pour le vent de 5h sont les mêmes que pour 1h. La dérive à 7h est la même en chiffres absolus, mais va dans le sens inverse. Etc.

Les valeurs pour les vitesses et directions qui ne se trouvent pas sur la table doivent être approximés entre les chiffres présentés.

Dans notre exemple, la dérive au vent de 5 m/s venant de 10h se lit sur l’échelle « miroir » des 2h, et correspond à la moyenne entre les dérives pour 4 et 6 m/s, c’est à dire entre 19 et 28 clics: (19+28)/2 = ~23 clics.